Un arrière plan sombre

Vous l’avez sans doute remarqué j’apprécie beaucoup les photos de fleurs sur arrière plan sombre ou noir. Il y a de multiples raisons pour vouloir isoler le sujet de son environnement et l’arrière plan sombre est un des moyens d’y parvenir. C’est aussi la base du « Low-key lighting« . Je vous explique mes méthodes avec un […]
 

Vous l’avez sans doute remarqué j’apprécie beaucoup les photos de fleurs sur arrière plan sombre ou noir. Il y a de multiples raisons pour vouloir isoler le sujet de son environnement et l’arrière plan sombre est un des moyens d’y parvenir. C’est aussi la base du « Low-key lighting« . Je vous explique mes méthodes avec un flash pour obtenir ce résultat dans presque toutes les situations.

Il existe de multiples raisons en photographie de vouloir isoler, mettre en avant son sujet: Créer un espace négatif; Cacher un arrière plan peu flatteur ou hors sujet; Isoler un sujet parmi d’autres identiques; Une des techniques que j’utilise pour cela est de créer artificiellement un arrière plan sombre en utilisant au moins un flash. Pour démontrer mon propos je vais utiliser comme sujet un œuf que je vais isoler du reste de mon studio. Bien qu’il soit possible théoriquement de faire le noir en plein soleil, je recommande de choisir avec soin un arrière plan pas trop lumineux et un environnement dégagé autour du sujet. En extérieur le soleil, de son zénith par temps clair au couchant, à un indice de lumination de 15 à 11 IL100. Soit autant d’IL pour faire le noir. De même les objets placé trop proche du sujet pourraient se retrouver éclairer par le flash.

Les paramètres des prises de vue qui illustre cet articles sont les suivants: un œuf placé à 50cm de mon APN et deux flashes en duo au bout de l’objectif.

Je me suis volontairement installé dans une cuisine qui ne doit pas ressortir à la prise de vue.

J’utilise Photographer’s companion pour tout mes calculs. (Profondeur de champs; Indice de lumination;)

Les deux principes des réglages de la photographie au flash sont les suivants:

  • La vitesse d’ouverture règle la luminosité ambiante. Plus elle est rapide et plus l’ambiance est sombre voir noire. C’est sur ce paramètre que l’on va jouer pour faire le noir.
  • L’ouverture du diaphragme règle la luminosité du sujet éclairé par le ou les flashes. Plus le diaphragme est ouvert plus le sujet est lumineux. Tout en se rappelant que cela règle aussi la profondeur de champ.

Il nous faut jouer sur deux des trois paramètres de l’exposition et les ISO ici se doivent d’être le plus faible possible. Notre APN est donc en manuel à ISO 100.

Réglage de l’ouverture

Esthétiquement parlant, comme pour la plupart des photos en macro ou proxiphotographie prisent au flash, nous nous intéresseront d’abord à la profondeur de champ. A 50 cm de mon APN avec une focale de 78 mm, il me faut une profondeur de champ d’environs 3 cm pour couvrir mon œuf. Moins de 1cm serait suffisant pour une fleur ou un insecte. Je choisie une ouverture de f/22, soit 3.10 cm de PdC, mais suffisant pour couvrir un œuf l’arrière ne se voyant pas. La mise au point se fera sur le bord gauche de l’œuf.

Si une petite ouverture va grandement nous aider à obtenir un arrière plan sombre voir noir, cela implique que nous ne sommes pas dans la zone la plus performante de nos objectifs, f/11 ou f/8 serait plus judicieux. Il faut aussi tenir compte du fait qu’une petite ouverture demande une puissance de flash plus importante.

A ce stade on peut faire la mise au point et ne plus y toucher, mais on peut y revenir plus tard.

Réglage de la vitesse

Il faut maintenant faire le noir en ajustant la vitesse d’obturation. Ce n’est pas forcement un noir absolu, mais cette technique est faite pour rendre un sujet correctement éclairé sur un fond beaucoup plus sombre. On va donc augmenter la vitesse d’obturation autour de 1/125 s ou 1/200 s sans flash HSS, plus loin si besoin, avec HSS. Il est probable qu’une fois le flash réglé, vous deviez a nouveau ajusté la vitesse pour éliminer les traces de lumière sur l’arrière plan.

La synchronisation haute vitesse, HSS (High Speed Sync), permet l’utilisation du flash au-delà de la vitesse de synchronisation standard 1/200s ou 1/250s. Pour dépasser la vitesse de synchro X, le flash émet une série d’éclairs à une fréquence très élevée qui permet d’assurer un éclairement du capteur tout au long du défilement de l’obturateur (utilisable sur un obturateur plan focal). De par son fonctionnement, ce mode de flash réduit la portée (Nombre Guide) du flash de façon importante.

Dans un environnement extrêmement lumineux 14 voir 16 IL100 la vitesse maximum de votre APN peut être rapidement dépassée. Vos flash peuvent aussi ne pas supporter le HSS et la « vitesse de synchro flash » atteinte sans que la scène ne soit sombre.

Le principe des filtres à densité neutre (ND) est de permettre au photographe une plus grande marge de manœuvre quant au réglage de l’ouverture, du temps de pose. Pour une exposition identique l’emploie d’un filtre ND augmente le temps de pose. Mais à temps de pose équivalent un filtre ND diminue la quantité de lumière qui arrive sur le capteur. Ce qui à le même effet que celui d’augmenter la vitesse.

Un filtre ND 2 – ND 32 m’assure de 1 à 5 IL, soit une vitesse équivalente de 1/8000s pour la vitesse de synchro flash.

Pour des raisons économiques je n’ai acheté qu’un seul filtre de 77 mm mon plus gros objectifs, et des bagues d’adaptation pour les plus petits.

Si pour obtenir un arrière plan noir je doit régler mon APN à 1/800 s j’obtiendrai le même résultat à 1/200 s (+2 IL) et un filtre ND 4 (-2 IL).

Plus le filtre ND est important plus la puissance du flash doit être importante. Des simple NG15 comme utilisés dans mon test ne vont pas suffire. Les filtres ND ne sont pas forcement une solution miracle et le risque d’éclairer un deuxième plan existe.

Réglage des flashes

Nous étudieront avec soin la distance entre notre éclairage et les éléments externes à notre sujet principale en tenant compte de la loi du carré inverse. En environnement naturel il n’est pas toujours évident de séparer le sujet du reste de la nature. En studio il est facile de placer les éléments de la scène à des distances compatibles avec l’idée qu’on se fait de l’image finale.

La loi du carré inverse en éclairage nous indique que la porté de notre flash diminue de 75% à chaque fois que l’on double la distance. Si on mesure la luminosité à 1m d’une source lumineuse (Notre flash), à 2m cette mesure ne sera plus que de 25% (1/(2*2) = 1/4).

En plaçant mes deux flashes à moins de 40 cm de mon sujet, je m’assure qu’au delà de 1m 1.20m il y aura une différence de 3 IL minimum avec le reste de la scène. Mais comme déjà indiqué, il faudra probablement à nouveau ajuster la vitesse.

Suivant Photographer’s companion, avec une ouverture de F/16 à ISO 100 et une distance de 35 – 40cm du sujet, mes flashes seront réglés à 1/8 de puissance, 1/4 si on utilise des diffuseurs. Il est maintenant temps de chercher la bonne exposition de notre sujet, en jouant avec l’ouverture de notre APN. Les plus fortunés d’entre nous utiliserons un « flash mètre » pour obtenir un éclairage « Al dente ».

Modifier l’ouverture plutôt que la puissances des flashes permet de garder l’équilibre des flashes sans avoir à modifier les réglages. Avec un seul flash ça ne change rien. Rien ne vous empêche une fois la bonne ouverture trouvée de revenir à l’ouverture d’origine et de corriger le réglage des flashes en fonction. Votre ouverture d’origine était f/16 et vos flashes à 1/8 de puissance. Votre exposition est correct à f/8 soit une différence de +2IL. Il faut donc modifier vos flashes en passant de 1/8 de puissance à 1/2 et revenir à une ouverture de f/16. Certaines marques de flashes comme Godox possèdent une application pour smartphone qui permet de régler tous les groupes d’éclairage en même temps.

Photo finish

Pour finir notre prise de vue va se faire à ISO 100, f/22 et 1/200s pour l’APN et mes deux flash à 1/4 de puissance. Si cette technique fait appel à de multiples principes photographiques ou d’éclairage, la pratique en reste relativement simple et pleine de souplesse si on en comprend bien les mécanismes.

  • Réglage de l’ouverture pour la profondeur de champ (déterminé précisément avec une application);
  • Réglage de la vitesse pour l’arrière plan (déterminé avec le live view, puis ajusté en fonction de l’éclairage);
  • Réglage de la puissance de l’éclairage (déterminé avec une application, puis ajusté);

En mode « reportage » avec mon flash cobra sur mon appareil, je vais utiliser comme base de départ ISO 100, f/8 et 1/400s mon flash NG 58 en mode TTL ou 1/32 de puissance. L’emport d’un trépied pour le flash reste d’un usage facile.


Une deuxième série test. Mon chat participe à sa façon sous forme de fantôme. Je voulais faire une photo équilibrée, avec une « Key light » et une « Fill light » avec les mêmes paramètres de départ que la série précédente. Toujours la même procédure, je règle l’ouverture à f/8 et je fais la MAP sur le bord gauche de l’œuf. Je cherche le noir, enfin je vais directement à 1/200 s. Je pose mes flashes à 1/4 de puissance en sachant que c’est trop, mais pour vous montrer que l’arrière plan est partiellement visible. La solution est vraiment 1/8 de puissance.

Je peaufine mon éclairage en plaçant le flash droite à 45° au dessus du sujet et à gauche en dessous avec 1/16 de puissance.

Si la photo obtenue est conforme à ce que je souhaitais faire, elle n’est pas encore correctement éclairée. Je pense qu’il faudrait faire ressortir le sujet du fond et qu’il manque une « Back Light ».


Pour comparer j’ai développer la photo au 1/4 de puissance sous Lightroom en modifiant l’exposition de -1,00 à gauche et -2.00 à droite.


Conclusion

Finalement cette méthode de photographie au flash devrait surtout être « la méthode » aussitôt que l’on utilise des flashes. Que l’arrière plan voulu soit noir, sombre gris ou blanc, je commence par faire la photo pour les arrières plans avec ou sans éclairage du fond et ensuite j’ajoute de la lumière sur mon sujet en gardant à l’esprit la loi du carré inverse pour l’éclairage derrière mon sujet.