Un arrière plan clair

Il n’y a pas très longtemps que je prends des photos avec un arrière plan clair. A cela une bonne raison, il faut deux flashes en plus de l’éclairage du sujet, pour obtenir un fond blanc. Il faut aussi que l’environnement, et principalement l’arrière plan soit déjà clair, bien que cela ne soit pas une […]
 

Il n’y a pas très longtemps que je prends des photos avec un arrière plan clair. A cela une bonne raison, il faut deux flashes en plus de l’éclairage du sujet, pour obtenir un fond blanc. Il faut aussi que l’environnement, et principalement l’arrière plan soit déjà clair, bien que cela ne soit pas une obligation. Le fond blanc est la base de mes photos « pastel » et du « High key lighting » utilisé dans de nombreux genres photographiques, portrait, mode et packaging. Je vous explique ma méthode, qui vous le verrez est la suite des arrières plans sombres.

Le principe d’un arrière plan uniforme blanc ou noir est de créer un espace négatif autour de notre sujet pour le mettre en valeur. En extérieur il est difficile de créer un arrière plan blanc sauf si votre sujet est devant un mur clair. J’utilise plutôt cette technique en intérieur. Le principe comme pour les arrières plans sombres est d’utiliser un éclairage avec des flashes, au moins deux, mais trois est un minimum pour faire un blanc « blanc ». Une fois encore je vais utiliser comme sujet un œuf que je vais isoler du reste de mon studio. Bien qu’il soit possible théoriquement de faire du blanc avec du noir, je recommande de choisir avec soin un arrière plan clair et lumineux mais non réfléchissant et un environnement dégagé autour du sujet. Le sujet doit se trouver dégagé du fond et des flashes pour éviter la pollution des réflexions lumineuses.

Les paramètres des prises de vue qui illustre cet articles sont les suivants: un œuf placé à 50 cm de mon APN et 1 m du fond. Deux flashes tournés vers le fond et deux flashes en duo au bout de l’objectif.

Je me suis volontairement installé dans un couloir carrelé de noir et une porte blanche qui ne doivent pas ressortir à la prise de vue.

Les deux principes des réglages de la photographie au flash sont les suivants:

  • La vitesse d’ouverture règle la luminosité ambiante. Plus elle est rapide et plus l’ambiance est sombre voir noire. Ici il n’y a pas d’ambiance, mais on cherchera quand même à faire du noir ou du sombre.
  • L’ouverture du diaphragme règle la luminosité du sujet éclairé par le ou les flashes. Plus le diaphragme est ouvert plus le sujet est lumineux. Tout en se rappelant que cela règle aussi la profondeur de champ.

Il nous faut jouer sur deux des trois paramètres de l’exposition et les ISO ici se doivent d’être le plus faible possible. Notre APN est donc en manuel à ISO 100.

Réglage de l’ouverture

Esthétiquement parlant, comme pour la plupart des photos en macro ou proxiphotographie prisent au flash, nous nous intéresseront d’abord à la profondeur de champ. A 50 cm de mon APN avec une focale de 75 mm, il me faut une profondeur de champ d’environs 3 cm pour couvrir mon œuf. Je choisie une ouverture de f/8, soit 1.10 cm de PdC, mais suffisant pour couvrir un œuf sur un fond très blanc. La mise au point se fera sur le bord gauche de l’œuf.

Si une grande ouverture va grandement nous aider à obtenir un arrière plan clair voir blanc, cela implique que nous ne sommes pas dans la zone la plus performante de nos objectifs, f/11 ou f/8 serait plus judicieux. Il faut aussi tenir compte du fait qu’une grande ouverture demande une puissance de flash moins importante.

A ce stade on peut faire la mise au point et ne plus y toucher, mais on peut y revenir plus tard.

Réglage de la vitesse

Bien que nous cherchons a créer un fond blanc, il nous faut faire le noir en ajustant la vitesse d’obturation pour être sur que la lumière d’ambiance n’influence pas notre blanc. On va donc augmenter la vitesse d’obturation autour de 1/125 s ou 1/200 s sans flash HSS, plus loin si besoin, avec HSS.

La synchronisation haute vitesse, HSS (High Speed Sync), permet l’utilisation du flash au-delà de la vitesse de synchronisation standard 1/200s ou 1/250s. Pour dépasser la vitesse de synchro X, le flash émet une série d’éclairs à une fréquence très élevée qui permet d’assurer un éclairement du capteur tout au long du défilement de l’obturateur (utilisable sur un obturateur plan focal). De par son fonctionnement, ce mode de flash réduit la portée (Nombre Guide) du flash de façon importante.

Réglage des flashes

L’arrière plan

Nous nous occupons dans un premier temps des flashes tournée vers le fond. J’utilise deux flash GN 58 sans déclencheur à distance, en mode esclave S1. Le flash de droite est orienté vers la gauche de la scène et inversement celui de gauche vers la droite, ainsi les deux éclairages se croisent. Si possible le zoom des flashes couvrira la surface du fond de la scène. Je suis très proche du mur et ma scène étant petite je règle les deux zoom à 50 mm. Nous ferons aussi attention à ce que les angles de réflexion de la lumière contre le fond ne soit pas dans l’axe de notre APN et sortent bien de notre scène. Les deux background light sont réglés à 1/4 de puissance et on va jouer avec l’ouverture ou la puissance des flashes pour obtenir un blanc parfait.

Mon APN possède « l’alerte de surexposition » en mode lecture des images. les zones brulées clignotes. L’alerte est à prendre avec précaution on récupère facilement -1IL dans Lightroom, sans que l’image soit réellement brulée. Pour que le fond soit blanc uniformément et sans perturbation l’histogramme doit être complètement vide et l’image clignote complétement. Si des valeurs sont présentes dans l’histogramme, votre image n’est pas parfaitement blanche.

Ma méthode pour trouver la bonne exposition du fond:

  • Je prends une photo. Si l’image clignote et que l’histogramme est vide en mode lecture de mon APN, je diminue de -1 IL la puissance des flashes et je reprends une photo.
  • Quand l’image ne clignote plus complètement, on revient en arrière de +0.33 IL. Si l’image clignote complétement on est bon. Sinon +0.33 IL en plus.
  • D’expérience j’aurais tendance à ajouter au moins 1 IL sinon 1.3 IL pour pouvoir récupérer l’exposition dans Lightroom. Je ne l’ai pas fait pour cette série et c’est visible dans les photos finales.

On positionne maintenant le sujet et on vérifie qu’il ne reçoit pas de lumière venant du fond. J’utilise des « Barn Door » pour focaliser l’éclairage sur le fond et éviter les rebonds sur les murs et plafonds autour.

Au final ma puissance sera de 1/16 +0.7 et les zoom à 50 mm sur les deux flashes.

Le sujet

Dans un deuxième temps nous pouvons régler notre éclairage pour notre sujet. Suivant Photographer’s companion, avec une ouverture de F/8 à ISO 100 et une distance de 35 – 40cm du sujet, mes flashes seront réglés à 1/64 de puissance, 1/32 si on utilise des diffuseurs. Il est maintenant temps de chercher la bonne exposition de notre sujet, en jouant avec l’ouverture de notre APN. La puissance des deux flashes arrière évite de se poser la question des ombres et de la loi du carré inverse.

Modifier l’ouverture plutôt que la puissances des flashes permet de garder l’équilibre des flashes sans avoir à modifier les réglages. Avec un seul flash ça ne change rien, mais ici j’en utilise quatre. Rien ne vous empêche une fois la bonne ouverture trouvée de revenir à l’ouverture d’origine et de corriger le réglage des flashes en fonction. Votre ouverture d’origine était f/16 et vos flashes à 1/8 de puissance. Votre exposition est correct à f/8 soit une différence de +2IL. Il faut donc modifier vos flashes en passant de 1/8 de puissance à 1/2 et revenir à une ouverture de f/16. Certaines marques de flashes comme Godox possèdent une application pour smartphone qui permet de régler tous les groupes d’éclairage en même temps.

Pour de petits objets, et c’est le cas de mon œuf, il existe une autre méthode pour obtenir un arrière plan blanc : utiliser un diffuseur (boite à lumière, softbox, etc…) comme fond.

Photo finish

Mon installation, qui n’as rien de professionnelle pour cette série de photos.
  • Réglage de l’ouverture pour la profondeur de champ (déterminé précisément avec une application);
  • Réglage de la vitesse pour l’arrière plan (déterminé avec le live view);
  • Réglage de la puissance des flashes arrière (déterminé avec le clignotement et l’histogramme);
  • Vérification des réflexions sur le sujet et réglages des bloqueurs de lumière.
  • Réglage de la puissance de l’éclairage (déterminé avec une application ou un flashmètre, puis ajusté);

Noir et Blanc

Au final, je ne vais utiliser qu’un seul flash en Key Light à 1/2 de puissance (Godox MF-12) avec un dôme diffuseur AK-R1.

Traitement dans Lightroom:

  • Exposition -2.00 (Cas typique d’une surexposition légère dans mon APN).
  • Passage en Noir et Blanc.

En mode reportage, cette méthode est complexe et longue à mettre à mettre en œuvre. L’emport de trois ou quatre trépieds pour les flashes est rédhibitoire pour un photographe seul. On réservera ce style de photo au studio.

Conclusion

La méthode pour obtenir des arrières plans clairs est la même que pour des arrières plans sombres avec deux étapes supplémentaires pour éclairer correctement le fond. Si il est possible d’obtenir du sombre avec un seul flash, il en faudra deux sinon trois pour du clair.